mardi 13 mars 2012

Bonjour à tous,


Nous voilà rentrés depuis dimanche soir à la maison.


Dernier message donc pour conclure ce voyage en Inde du Sud.


Après un dernier voyage en train de nuit pour retraverser toute l'Inde d'ouest en est, nous avons passés deux jours à Pondicherry en pensant y trouver du calme et un peu de repos. Nous avons été, comme partout où nous sommes allés, déçus. Il y a bien quelques rues plus calmes que les autres dans le vieux quartier français mais c'est tout de même loin d'être un endroit très différent de tout ce que l'on a vu depuis le début du voyage. Pour résumer donc à Pondicherry : une ville avec des noms de rues français, des bougainvilliers en fleurs dans le vieux quartier français, une statue de Gandhi (qui a drôlement les oreilles décollées) en bord de mer, des Jardins Botaniques Français fermés, dans un état lamentable tel après un passage de tempête (incompréhensible, aucune explication trouvée nul part à ce mystère!), des églises plutôt jolies mais sans avoir rien d'exceptionnel et un restaurant où on a attendu 1h30 notre plat en se faisant bouffer par les moustiques...


rue de Pondicherry, église, temple...


une des rares images que l'on se fait de l'Inde qui n'est pas fausse : il y a des vaches partout !!


les jardins botaniques français, qui étaient censés être un havre de pays tout joli... et qui sont aujourd'hui dans un état lamentable sans qu'on n'y comprenne rien...


Et puis nous avons fini notre périple à Mamallapuram, à une cinquantaine en dessous de Chennai d'où nous devions décoller dimanche matin.

On a trouvé à Mamallapuram une Inde que nous ne connaissions pas, que nous n'avions pas vu jusqu'à présent, une Inde assez calme, avec des rues propres, des gens aimables et accueillants, un joli patrimoine de vieux temples mignons tout pleins..... bref, un endroit touristique !

Et c'est fou à dire mais qu'est ce qu'on s'y est senti bien !! C'est le comble tout de même ! On a trouvé une petite chambre mignonne au calme, pas trop chère (alors que les prix ont été dans l'ensemble bien plus élevés dans toute l'Inde), avec une jolie terrasse où on pouvait se poser tranquilles...


notre jolie terrasse au milieu d'un jardin calme


Vendredi et samedi, nous nous sommes promenés dans les vieux temples qui trônent en ville. Un joli parc a été aménagé autour de plusieurs vestiges traitant du..... Mahâbhârata ! Ouioui, vous avez bien lu ! Enfin un peu de Mahâbhârata rencontré dans ce pays ! Nous avons vu les « cinq Rathas » qui sont un ensemble de cinq temples dédiés aux héros du Mahâbhârata. Rien d'extraordinaire comparé à ce que j'ai pu voir au Cambodge où en Indonésie, mais malgré tout cela fait plaisir à voir enfin un peu de caillou qui date du 7è siècle.



détails du grand bas-relief représentant l'ascèse d'Arjuna, héros du Mahâbhârata.


le bas-relief au complet, et un rocher posé là, en équilibre


le temple du rivage qui a été sérieusement endommagé par le tsunami mais dont les alentours ont été depuis très bien aménagés


le site des Cinq Rathas



chaque temple a été sculpté dans un seul gros rocher


Et puis ce voyage s'est terminé par un dernier bus qui nous a amené à l'aéroport samedi soir. Nous avions prévu de passer la nuit de samedi dans l'aéroport étant donné que notre enregistrement de vol commençait à 5h45 du matin. Mais pour eux, cela paraissait totalement saugrenu, si bien que nous avons dû faire des pieds et mains pour qu'ils acceptent de nous faire entrer dans l'aéroport pour juste que l'on patiente dans un coin. Dans leur système, ils ne font entrer les gens que au moment de leur enregistrement. Nous aurions donc dû attendre dehors, devant la porte de l'aéroport jusqu'au petit matin... Mais nous avons réussi à passer la nuit dans un couloir tout climatisé (tellement que l'on a ressorti nos pulls qui étaient planqués au fond de nos sacs depuis notre arrivée ici). Puis nous avons pris notre vol Air India avec un profond sentiment de : « Ah, enfin, c'est fini, nous rentrons... ouf... ».


Quelques lignes de bilan sur ce voyage ?


Une déception très nette, dès les tout premiers jours. Depuis 5 ans que je tourne autour de la culture Indienne en Asie du Sud-Est, il me semblait évident qu'il me fallait aller voir la source. C'était nécessaire pour moi.

J'ai voulu voir la source, et la source est à sec. Voilà. Maintenant, je le sais. Ce n'est pas plus compliqué que cela.

Un pays mangé par la mondialisation, une population qui ne veut plus de son passé qui est résolument non-conservatrice, un Râmâyana et un Mahâbhârata orphelins, que personne ne connait ni ne reconnaît...

C'est un bilan à la fois triste et positif. Un étrange mélange. Je suis venue voir quelque chose que je n'ai pas trouvé, mais à la place j'ai trouvé des réponses vraies, loin de nos fausses images empruntes d'exotisme vu de la France. C'est donc un sentiment surprenant de satisfaction qui m'habite. La réponse à toutes les questions que je me posais en partant a pris la forme d'une profonde déception. Réponse inattendue, mais réponse tout de même.


Ce voyage marque très nettement pour moi la fin de mon histoire avec l'Asie. La boucle est bouclée. Je crois que la fascination que j'avais pour ces cultures ne m'habite plus. Ce n'est pas que je suis blasée parce que j'ai tout vu et tout compris, très loin de là, c'est plutôt que j'ai la sensation d'avoir fait le tour de ce que moi, j'avais à vivre avec cette culture. Voilà la sensation. Une page qui va se tourner tranquillement. Un univers qui va continuer de m'habiter mais certainement d'une manière différente, avec plus de recul et moins d'attrait fort et passionné pour cet ailleurs.


Mais en revanche, la création de notre spectacle sur le Mahâbhârata qui est en route depuis plusieurs mois et qui aboutira au printemps 2013 me passionne toujours autant bien évidemment et je suis contente à l'idée que les échanges avec l'Indonésie continuent dans les prochains mois. C'est, pour moi, une histoire qui s'écrit de manière presque indépendante. On est entré dans une relation, un échange, comme une discussion avec l'Indonésie, avec Widodo, sa famille, et tous les gens de Wonogiri. Ce chemin continue de se tracer, et il est important. Finalement, en jetant en coup d'œil en arrière, il est peut être même le plus important de ces cinq dernières années ?

dimanche 4 mars 2012

Bonjour a tous,

Alors alors...

Nous avons passe quelques jours a Thrissur.

La aussi, comme quasiment a chaque fois depuis le debut de ce voyage, deception. On s'attendait a une ville dynamique, etant presentee dans le guide comme "centre de l'animation culturelle" avec des fetes et des representations de theatre a nen plus finir.... Et bien, rien du tout. Une ville poussiereuse (au sens propre), bruytante, chaude (de plus en plus puisque nous descendons envers le sud encore et encore...) et quasi sans interet. Et pour couronner le tout, toujours des regards pas tres agreables dans la rue et des hotels pas accueillants... Bref, pas jojo.
On a tout de meme rencontre par la bas deux marionnettistes.

Le premier, Ramachandran Pulavar est le descendant de la derniere famille qui pratique encore le theatre d'ombres au Kerala. Le Thol Pava Koothu (theatre d'ombres) est tres different de l'ombre que l'on a vu dans les autres etats d'Inde du Sud. Ici, les cuirs sont beaucoup plus epais, les couleurs beaucoup moins fortes, et on est proche des grands cuirs du Cambodge au niveau du dessin.
La legende veut que Shiva qit demande en personne aux habitants du Kerala de representer regulierement dans les temples le Ramayana, en offrande a la deesse Kali. Le representations peuvent durer jusqu'a 40 jours d'affilee mais le plus souvent, le Ramayana est represente au cours de 21 nuits. Il y a encore quelques decennies, le public venait en masse assister a ces nuits qui s'apparentent plus a des rituels qu'a des divertissements, mais aujourd'hui, Ramachandran nous racontait qu'il etait bien souvent tout seul toute la nuit a jouer dans son temple, pour accomplir le rituel.
Nous avons passe la matinee chez lui. Il nous a montre des marionnettes, et nous avons beaucoup ecoute (meme si l'accent des Indiens continue de nous perturber...). Nous avons achete une marionnette qui appartenait au pere de Ramachandran. Un bel Hanuman bien patine par le temps...




chez Ramachandran, avec sa fille et sa femme



Lakshmana et Ravana


Le lendemain, nous avons rencontre G.Venu qui est, si vous voulez, le Pape de la marionnette et des arts en general au Kerala. Il a commence tout jeune a pratiquer nombre de disciplines traditionnelles (danse, theatre, marionnette...) et il rayonne aujourd'hui sur tout le Kerala en ayant cree un Centre des Arts Traditionnels ou sont dispenses chaque jour des cours de toutes ces disciplines pour continuer a les faire vivre. Nous avons passe quelques heures dans cette ecole ou nous avons assiste a un cours de danse de femmes. Il y avait deux eleves, dont une qui nous a particulierement fascines. Les danses sont evidemment fixees depuis des siecles et l'apprentissage, en plus du travail de souplesse et de grace, requiert une memoire de folie. Combien de gestes ces danseuses peuvent elles avoir en memoire ?? c'est assez impressionnant a voir...
La prof de danse a ete tres accueillante et nous a explique au fur et a mesure du cours ce que les filles travaillaient. Le principe etant qu'il existe des bases, des gammes a travailler avant de se mettre a danser. Il existe ainsi un alphabet de mouvements des yeux (wow, impresionnant tout ce qu'elles font avec leurs yeux... gauche, droite, a differentes vitesses, haut bas, rouler dans un sens, dans l'autre...), un alphabet des positions de mains etpour finir un alphabet des emotions transmises par le visage. La base de toute emotion etant la serenite, d'ou peut surgir ainsi tous les autres etats.
Bref, nous avons vecu la un moment magique et nous l'avons deguste avec attention.




danseuse en plein cours


Nous avons ensuite discute un peu avec G.Venu et ils nous montre ce pour quoi nous etions venus : les marionnettes a gaine du Kerala, le Pavakathakali. Et puis la, pouf, a nouveau deception.... les marionnettes ne sont pas tres jolies, les mouvements sont tres limites... bref, ce ne sont pas sur les poupees que nous trouverons de quoi nous interesser. Nous nous mettons donc un peu a discuter et nous sentons egalement que G.Venu ne pourra nous en dire beaucoup non plus car il n'y a peut etre plus grand chose a dire... Cette forme de marionnette est devenue rarissime, et n'est plus vraiment jouee nul part. Les visages et les costumes sont des repliques en miniature du theatre Kathakali que nous comptons voir quelques jours plus tard. Nous attendons donc avec impatience de decouvrir le Kathakali pour, peut etre, en savoir un peu plus sur ces marionnettes qui s'en sont inspirees.




G.Venu et marionnette de Bhima



marionnette d'Hanuman, qui ne ressemble pas a un singe puisque ce sont les reproductions des maquillages humains




gare routiere comme on en voit partout...


Le soir meme, nous arrivons a Cochin, et plus precisement a Fort Cochin, aui est une presqu'ile sur la cote ouest toujours. On avait lu partout que Fort Cochin etait restee figee dans le temps et que cela en faisait un quartier calme et tranquille. On s'est dit que c'etait pour nous, nous qui avons bien du mal a supporter les klaxons et le bruit incessant depuis notre arrivee ici.
Nous avons effectivement trouve un quartier calme, plus pose que les villes classiques et avons gagne en retour des touristes a tous les coins de rues. Mais c'est le jeu bien sur ! Nous en avons donc profite pour manger des carbonara et des crepes au chocolat, et pour nous promener dans des rues desertes ou trainent des chevres ci et la.
Nous avons vu a Cochin aussi un spectacle pour touristes de Kathakali. Dans un theatre specialement concu pour touristes, nous avons passe 2h a regarder des gens derriere leur appareil photo plante devant ce qui pouvait s'apparenyter a un spectacle de Kathakali. Evidemment, cela ne nous a pas emballe mais en meme temps... comment pouvons nous juger alors que nousn'avons pas pu voir de "vraie representation" ? Nous essayons de relativiser et d'assumer notre place de touristes. Nous n'avons pas le choix. Mais nous repartons quand meme avec des questions en tete : bien sur que le tourisme influence les arts traditionnels... mais jusqu'ou cette influence va t'elle ? Difficile de voir ou commence l'humour potache pour plaire au touriste, de l'humour traditionnel present dans les spectacles depuis des siecles...




l'une des rares photos que j'ai prise de cette soiree Kathakali


Et voila. C'est avec ce charmant spectacle dans une salle climatisee que nous finissons notre "parcours culturel indien".

Nous avons decide de prendre quelques jours tranquilles (enfin, un peu plus tranquilles que jusqu'a present) au bord de l'eau a Alleppey, une sorte de Venise (n'exagerons rien...) locale. Il y a des marais partout et nous avons trouve un charmant bungalow au bord du lac pour se reposer quelques jours. Nous retournerons ensuite sur l'autre cote du sous-continent passer un peu de temps a Pondichery avant de reprendre notre avion dimanche prochain.