L'après-midi c'est un
peu l'effervescence dans la maison, beaucoup de passage, les
musiciens de Widodo viennent s'habiller, les sindhen se préparent
aussi. En face, le synthé à fond nous sert une délicieuse soupe à
l'indonesienne. Giyanti chante et … Olivier danse à ses côtés
devant toute l’assistance. Sans trop réfléchir je le rejoins mais
une fois sur place le temps me parait bien bien long (ce que je
prenais pour du second degré n'en est pas vraiment pour eux) ..
Pour la soirée on décide
de s'habiller avec nos beaux sarongs tout neufs avec l'aide de Wahyu
et Giyanti car faire tenir ce bout de tissu c'est tout un art.
C'est Astu, 6 ans 1/2,
80cm, qui commence à manipuler vers 20h. Le petit bonhomme à la
voix suraiguë est impressionnant d'énergie et fait bien rire
l'assistance.
Le Dalang suivant, c'est
Enok, pas beaucoup plus âgé, qui maîtrise déjà sacrément bien
son histoire sur fond de gamelan Pelog. L'assurance des 2 petits gars
est impressionnante, on sent bien qu'ils baignent dedans depuis leurs
première heures...
Bon, et bien cette fois
c'est à nous … Quelques musiciens de Widodo comblent les places
vides, et c'est parti. Mon dieu que c'est mou, mou, mou … Le truc
que personnellement je n'avais pas totalement saisi, c'est que le
Wayang, ça dépasse le meilleur film d'action américain au niveau
du rythme, tout est dans l 'effet de surprise, les changements
de rythme, d'ambiance, les cassures et là il reste du boulot … Les
indonésiens rigolent bien à entendre un wayang en français,
certains baillent aussi, mais l'expérience est quand même bien
chouette ! On laisse la place à Widodo qui se fait plaisir au
niveau manipulation et aussi au niveau du titillage de Perancis. Il
nous fait chanter, fait marrer l'assistance en disant des trucs sur
nous qu'on comprendra jamais … En même temps on est dans le
gamelan avec les zicos et leur super bouille et ça c'est toujours
aussi agréable.
La soirée se termine
vers 3h sur fond de « campursari », sorte de tubes kitchs
accompagnés au gamelan et au synthé.
alors j'ai tellement pas
fait grand chose de cette journée que je ne me souviens plus très
bien... déjà, première grasse matinée ! Réveil autour de
11h pour beaucoup. L'équipe s'est divisée en petits ateliers ce qui
donne dans la maison un mélange de chants féminins ponctuée de
kepraks au loin (des plaques de métal qu'on frappe très fort avec
le pied sur une caisse en bois pour ceux qui connaissent pas) rythmé
par le tempo rigide d'un gambang avec parfois au loin une suling
(flute) , un doux crincrin rebabien, le tout agrémenté d'un fond
de Gender bien évidemment. Plus un petit ronflement de Grego qui a
passé sa journée à dormir..
En début de soirée nous
avons eu la visite de Tugimin et d'un ami joueur de bonang. On
s'attendait à avoir un cours de bonang du coup mais en fait ça
n'avait absolument rien à voir (ce genre de situation arrive assez
souvent, on devait déjà avoir un cours de bonang qui s'est
transformé en cours de Rebab...).
Le soir, les premières
vidéos de manipulation avec Pak Widodo et Mas Wahyu pour le futur
spectacle sont filmées.
Ce jour là, on avait
prévu d'aller à Solo la journée complète pour faire tout un tas
de choses que nous n'avions pas faite la dernière fois où nous y
sommes allés. Nous partons avec une liste précise et Wahyu tente de
faire un « plan de route » pour ne pas perdre trop de
temps entre chaque destination. Nous arrivons en premier au Kraton,
vers 9h du matin. Nous pensions y voir une répétition de gamelan
mais en fait, ben non. Arnaud a demandé, et on lui a répondu que
les répétitions ont toujours eu lieu les mercredis et samedi (alors
qu'il était venu l'année précédente le jeudi et qu'il y avait des
répétitions.... mais on lui soutient que non, c'est impossible!).
Après un rapide coup d'oeil à ce palais, nous filons dans un marché
artisanale pour chiner tout un tas de choses. C'est joli, mais c'est
cher. Plusieurs d'entre nous trouvent quand même leur bonheur.
Suite du programme :
la visite de l'ancien lycée de Wahyu (il vient d'en sortir), et de
Widodo et Giyanti qui se sont rencontrés là bas il y a plusieurs
années... C'est un lycée professionnel artistique. C'est donc
l'équivalent chez nous d'un Conservatoire mais toute la semaine. On
nous fait assister à plusieurs cours : danse, marionnette,
musique actuelle (des guitares électriques, basses, batterie à
fond!)... Bien intéressant tout cela !
Déjeuner dans un warung
typique. On arrive à payer avant que Wahyu paie pour nous !
Nous sommes fiers de nous ! C'était un vrai combat !
L'après midi, on va
visiter le studio d'enregistrement dans lequel le groupe de Widodo
enregistre régulièrement des CD ou DVD. On y achète tout un tas de
CD de Gamelan.
Nous passons ensuite à
l'Université de Solo pour y chercher des livres dans la bibliothèque
spécialisée en Gamelan. Quand on arrive là bas, on nous annonce
que la bibliothèque est ouverte, on avait peur qu'elle soit fermée
alors on est content. On se met d'accord sur une équipe qui reste
là, et une autre équipe qui fait autre chose... et au moment
d'entrer dans la bibliothèque, on nous annonce qu'elle est fermée !
Ahah ! Indonésie.....
Du coup, on part tous
vers notre dernière destination de la journée : visiter une
fabrique de Gamelan. Malheureusement, là aussi nous arrivons en
retard au moment où c'est fermé. On voit quand même la fonderie,
ce lieu si hors du temps si impressionnant.
On rentre le soir bien
claqués par cette journée de balade.
La soirée est consacrée
à commencer à filmer les vidéos pour notre spectacle. Pas facile
de se comprendre avec Widodo mais on y arrive... Finalement, je fais
l'impasse sur tout un tas de choses en me disant que je ferai pas mal
montage par la suite. C'est plus simple que de vouloir tout faire
impeccablement directement ! Et ça économise de l'énergie à
tout le monde !
Alors aujourd'hui, le
schedule était comme d'habitude bien au point : le gamelan
était revenu le matin, avant qu'on se lève, on répétait la
version courte du Mahâbhârata pour la prochaine représentation,
puis on allait à la mosquée, on mangeait, on allait voir quelques
minutes Hastu qui jouait à un mariage, on revenait répéter encore,
et finir des vidéos.
Bon, dès le matin, le
gamelan n'était pas encore là... Schedule broken au réveil !
On a donc aidé les gars à le réinstaller, puis répétition
laborieuse. Du coup, un petit temps de travail. Widodo nous annonce
la mosquée juste avant manger, finalement c'était d'abord manger.
Puis Mosquée pour Olivier, Arnaud et Grégo... Deux nouveaux
convertis donc, Arnaud et Olivier. Apprentissage des ablutions
(bouche, figure, tête, oreilles, bras, pieds), petite sentence à
répéter avant d'entrer dans la mosquée (« et maintenant,
avec ça, on est amis jusqu'à la mort, et même après »,
dixit à peu près Widodo) et prière en compagnie de tous les
habitués ravis de nous voir avec eux.
Puis départ pour les
quelques minutes à aller voir Hastu. Départ en voiture, puisque
c'est à 200 mètres... Finalement, on y est resté 4 heures, le
temps du mariage... Quelques minutes quoi ! Certains ont joué
et chanté parmi les musiciens indonésiens, d'autres se sont ennuyés
un peu, et tous ont eu très chaud !...
Retour à la maison à 17
heures. 17h30, proposition d'aller voir un arbre à durians (sur
envie de Celia depuis une bonne semaine). 6 français en voiture avec
Mas Asep, notre chauffeur favori, et zou ! Nous voilà partis
derrière chez Widodo, et arrivés chez... des gens ! Mais des
gens, qui sans le savoir, ont un arbre à durians que veulent voir
des Français ! Surréalistes... Puis aussi découverte des
arbres à cacao (chez d'autres gens !) et des arbres à faire
les kendang (tambours) chez d'autres encore...
Fin de la journée en
avançant des vidéos (oui, parce que bien sûr, l'écran qui sert à
tourner les vidéos doit être rangé demain...). Bon, au moment de
s'y mettre, on s'aperçoit que le trépied dont on se sert n'est plus
là, il a été utilisé au mariage. Pas grave, Mas Asep file le
chercher, il n'y a qu'un heure et demi de route... Et puis il manque
une marionnette mais Sigit construit ça rapidement !
Pendant ce temps-là,
quelques-uns passent entre les mains experts de Pak Carmin et
d'autres pour des découvertes de massages traditionnels très...
traditionnels !
C'est tout pour
maintenant.
Samedi 1er septembre, par
Olivier
On se lève.
On se lave.
On mange.
Au programme ce soir :
Widodo joue une nuit de wayang kulit ; nous jouerons un
Mahâbhârata raccourci à une demi-heure en première partie.
On se brosse les dents.
On travaille.
La première séance du
matin possède une qualité que l'on retrouve assez fréquemment dans
tous métiers, appelée « travail une demi-heure après le
réveil ». L'on y décèle une précision toute approximative,
une concentration toute relative, une intensité toute fugitive.
Une pause s'impose.
L'heure pour certains
d'aller en ville (Wonogiri) faire quelques courses, poster des
lettres, et récupérer deux « orang perancis » (deux
français), François et Fred, qui sont sur l'île de Java en ce
moment, à Yogia, pour étudier le wayang golek (marionnette en trois
dimensions). Ils sont sur un projet de quatre spectacles de
marionnettes venues de quatre pays différents ; l'Indonésie
est leur troisième. A lire, plus d'infos, sur leur site : http://www.lepecheuretlechat.com/
Nous sommes en contact
depuis plusieurs mois déjà et c'est l'occasion aujourd'hui pour eux
de voir une nuit de wayang kulit.
Retour à la maison.
Filage de notre
présentation du soir.
Cette deuxième séance
du matin possède une qualité que l'on retrouve assez fréquemment
dans tous métiers, appelée « travail trois heures après le
réveil ». Et, s'il faut comparer avec la séance appelée
« travail une demi-heure après le réveil », force est
d'avouer que l'approximation, la relativité et la fugue ont
fortement diminué.
On mange.
On se brosse les dents.
On dort.
15h45 : on se tient
prêt pour partir à 16h00 vers le lieu du wayang kulit du soir
16h30 : on part.
Un minibus. Deux
voitures.
Les français (10) dans
les voitures avec Widodo, Giyanti et Aseb.
Les musiciens de Wilis
Prabowo déjà présents (9) dans le bus, avec Wahyu, le chauffeur et
moi-même qui m'apprête à profiter de ce charmant véhicule coloré,
agrémenté de dessins d'aigle ; 17 places assises ;
aération par porte ouverte. Nous prenons d'autres musiciens au fil
du chemin. 19 personnes dans le bus au final ; raisonnable.
Une route qui serpente en
collines, entre les rizières en terrasses, le coucher de soleil
derrière les montagnes et la nuit, déjà, à 18h00...
Arrivés tout souriant,
« selamat sore », « selamat sore ».
Petit repas distribué,
les femmes d'un côté, les hommes de l'autre. Les chanteuses
finissent de se peindre.
Photos photos photos avec
la famille qui reçoit la soirée.
Le gamelan est installé
sur des nattes au sol ; l'écran et les marionnettes, sur une
scène.
Nous nous installons vers
20h, pour jouer à 21h.
Discours.
67 ans que l'Indonésie
est indépendante. « Merdeka ! » « Merdeka ! »
« Merdeka ! » (« Indépendance ! »
ou « Liberté ! », on n'est pas sûr de ce qu'ils
nous ont expliqué...).
Discours.
Discours.
Un morceau en guitare
acoustique.
Discours.
Une démonstration d'art
martial.
Discours.
Remise de cadeaux à des
gens.
Discours.
Remise de cadeaux à des
gens.
Discours.
Nous arrivons patiemment
à 21h.
Commençons !
Dès les premiers mots
prononcés en javanais (dans les faits, les noms des personnages :
Duryodhana, Yudishtira, Drona...), tonnerre d'applaudissements.
Des rires, beaucoup, au
son de l'accent français sur les mots qu'ils reconnaissent.
Et puis une
représentation d'une demi-heure qui se passe plutôt bien !
Discours.
Un pseudo dalang
s'installe pour dix minutes de pseudo wayang kulit. Un assistant fait
applaudir le public quand le pseudo dalang prononce une phrase pseudo
intéressante.
Discours.
Remise d'un cadeau
symbolique à Widodo : une marionnette. Il la prend avec lui et
s'installe. Les musiciens sont prêts.
La vraie nuit de wayang
commence !
En forme, le chef !
Il envoie : le son,
l'énergie, et les marionnettes dans la figure des chanteuses.
Une soirée très
détendue ; on rit beaucoup. C'est le mois de l'anniversaire de
l'indépendance.
Widodo nous fait
participer. Se moque de nous ; du moins le suppose-t-on car nous
ne comprenons pas ce qu'il dit et qui fait rire tout le monde. Se
moque des chanteuses, surtout, les siennes et les nôtres. C'est une
tradition.
On nous distribue le
petit en-cas en boîte coutumier, et plus tard des assiettes avec de
la nourriture qui pique et qui fait transpirer.
Le milieu de la nuit
passé, il y a plus de monde en train de jouer que de personnes dans
le public.
Dans le gamelan, il y a
plus d'yeux fermés que d'yeux ouverts ; ils prient, nous a
expliqué Widodo le lendemain... Ce que tout le monde fait quand il
fait nuit et qu'on dépasse 3h du matin. Toutes ces prières de par
le monde...
3h37 : fin de la
séance !
Sans chichi.
Nous quittons très vite
la scène, puis la maison et hop en voiture.
4h28 : oui, dodo.
Dimanche 2 septembre
Estelle
Lever à 11h/11h30 pour
un déjeuner dominical près du lac artificiel de Wonogiri.
Nous devons d'abord
déposer Frédéric et François (2 comédiens français dont nous
vous avons parlé plus haut) à l'arrêt de bus pour Jogya ,leur lieu
de villégiature pour encore 3 semaines (les petits veinards).
Widodo nous amène dans
un restaurant spécial poisson !!! Chouette !!!
Le lieu surplombe le
jolie lac.Nous arrivons tout guillerets et là,choc :
Mais où est
Xavier???!!!!
Dans la précipitation du
départ(ce qui est assez courant ici) nous l'avons tout bonnement
oublié.
Ni une,ni deux Asep
retourne le chercher à la maison.
Nous nous mettons à
table et nous nous confondons en excuses à son arrivée.
Rassurés,nous goûtons
ce délicieux « ikan goreng » (poisson grillé avec une
sauce sucrée),accompagné d'une eau de coco au sucre javanais.Miam !
Une chanteuse et un
joueur de Cithare,égaient nos oreilles de quelques doux morceaux de
musique javanaise.
Pour une fois nous
prenons le temps de manger et de profiter de cette belle vue.
Sur le chemin du
retour,nous nous arrêtons pour une visite de l'école de Widodo :
Ils ont bien de la chance
les petits élèves javanais de travailler au beau milieu des
rizières!On y resterai bien nous aussi.
Une fois à la maison
c'est sieste (ça devient une habitude ici)
Cécile en profite pour
filmer les interviews de Widodo dans les rizières.
Après le diner, travail
en groupe sur la forme de 3 heures,un peu fastidieuse.
Nous essayons de ne pas
nous coucher tard car le lendemain , nous sommes attendus à 9h puis
à 11h dans une école primaire et un collège pour jouer
« tranquilou » nôtre komedi topeng prancis et répondre
à quelques questions......
Lundi 3 septembre (c'est
Florie qui reprend le clavier)
A 9h, départ
« tranquilou » (mot appris à nos hôtes) pour la
première école, où enseigne Pak Tugimin, notre mascotte parmi le
groupe de musiciens de Widodo (une bonne bouille et un embonpoint
caractéristiques, ajoutés à une certaine tendance à
l'assoupissement sur son rébab en pleine nuit de wayang). Nous
suivons sa moto sur la fin du trajet sur le chemin chaotique. Lorsque
nous arrivons à l'école, tous les enfants sont alignés, prêts à
nous serrer la main, sur fond de gamelan. Wahou ! Ça en jette.
On nous conduit dans une salle décorée d'une banderole « bienvenue
aux étudiants de Jeux de vilains » (ils doivent penser que
c'est une université) et de wayangs fabriquées par les enfants,
avec petit thé, cacahuètes et tempé à grignoter. S'ensuit toute
une série de discours, fort longs. Widodo aussi est sollicité pour
parler et nous présenter. Deux jeunes filles dansent en costumes
traditionnels. Il est presque 11h, et enfin, nous allons jouer,
« tranquilou ». Le soleil cogne et le castelet du
spectacle a été installé en plein cagnard ! Nos loges se
situent évidemment dans une salle de classe, et nous sommes loin d'y
être seuls : une flopée d'enfants munis de téléphones
portables nous mitraillent littéralement. Les adultes ne sont pas en
reste. C'est même pire qu'à Borobudur ! Lorsque nous
commençons à jouer, un policier vient carrément se planter juste à
côté du castelet pour qu'on le prenne en photo avec nous. Le
spectacle est très bien accueilli, enfants et adultes rient bien, et
à la fin nous sommes assaillis par les demandes d'autographes sur
cahiers d'écoliers ! Des enfants jouent du gamelan dans une
salle. Nous jouons aussi un petit enchaînement, et repartons en
véritables stars, photographiées de toutes parts. Il est plus de
midi, le « schedule » est complètement « broken ».
Deuxième école, dans un
autre genre semble-t-il : toutes les jeunes filles sont voilées,
et on nous fait d'abord patienter seuls dans une pièce (mais avec du
thé et une petite boîte de victuailles, on est à Java quand
même!), le temps que tous aillent à la prière. Nous découvrons
une immense banderole aux couleurs de la page d'accueil du site de
Jeux de vilains, une tour eiffel en plus ! Alors là, nous
sommes soufflés ! Le diaporama est également arrêté sur des
photos prises sur le site de la compagnie : ils sont fous, ces
Javanais ! Nous sommes avec un monsieur qui parle très bien
français, un guide semble-t-il. Les professeurs arrivent, tous
habillés en uniforme marron de fonctionnaires. Discours. Petite
lecture chantée du Coran, pour commencer. Diaporama décrivant les
activités de l'école : on se serre la main tous les matins, on
salue le drapeau, différents cours sont dispensés, et notamment une
préparation au pèlerinage à La Mecque, du scoutisme (ça existe
aussi chez les Musulmans). Discours à n'en plus finir (les
Indonésiens sont très protocolaires). On nous chante des chants
religieux, dynamiques et festifs (mais religieux!). Sous un grand
hall, petite démonstration de danses traditionnelles : d'abord les
garçons (danse-prière), puis les filles sur une danse javanaise
(heureusement que Giyanti a été réquisitionnée pour montrer les
pas avec la prof !). Nous jouons « Komedi topeng Prancis »
devant l'assemblée de jeunes filles voilées et de jeunes garçons.
Tout le monde rit beaucoup, l'atmosphère est très détendue.
Nous mangeons ensuite du
ayam goreng (poulet grillé) dans un petit restaurant, avec les
professeurs. Nous apprenons que cette école, pourtant publique et
financée par l'Etat, applique un islam beaucoup plus radical que
l'islam javanais, réputé pour sa souplesse, et se montre très
fermée par rapport aux traditions javanaises, empreintes d'épopées
hindoues et bouddhistes où plusieurs dieux entrent en scène. Widodo
a hésité à répondre à leur demande de nous faire venir, puis il
s'est dit que cela pourrait leur ouvrir un peu les horizons, de voir
débarquer tout un groupe de Français venus apprendre, pour les
transmettre chez eux, les traditions de Java.
Retour à la maison à
15h passées. Temps calme. Ateliers individuels. Dîner à 18h comme
d'habitude. Widodo nous apprend que nous jouerons notre petit
enchaînement demain pour une sorte de carnaval au bord du lac de
Wonogiri. Tiens tiens ! Ça sent le plan où on va rester faire
de la figuration toute la journée ! Nous répétons donc pour
le lendemain, et nous sentons que les transitions sont plus fluides :
nous sommes imprégnés de l'esprit javanais. Puis atelier rébab
pour Olivier et Arnaud avec Pak Tugimin, attention Jean, il va y
avoir de la concurrence ! Cécile filme Widodo sur les combats
pendant qu'une partie du groupe fait tourner des srepegs et des
sampaks.
Demain, départ à 8h,
nous essayons de nous coucher « pas trop tard ».
Les derniers jours, par Cécile :
Mardi, nous sommes donc allés à ce fameux "carnaval" qui n'en était pas vraiment un en fait. Tôt le matin, nous sommes arrivés dans un endroit désert où nous avons dû attendre qu'un peu de public daigne bien venir. Au bout d'une bonne heure d'attente on a défiler en plein cagnard, on a joué un peu de gamelan, on a mangé, on a regardé des danses traditionnelles, et nous avons filé. L'après midi et le soir, nous avons bossé à la maison avec Widodo, Wahyu et Giyanti comme on en a maintenant l'habitude.
Mercredi on a fait une dernière journée à Solo pour des achats de dernière minute pour une partie de l'équipe, et le reste de l'équipe est restée "tranquillou" à la maison (on a appris le mot "tranquillou" à Widodo...).
Jeudi, on a travaillé le matin et l'après midi on a commencé à faire nos sacs pendant que Widodo, Sigit, un autre dalang et tout le groupe de musiciens répétaient un Wayang qui va être joué samedi soir. Journée étrange, où on se sent à la fois déjà partis et pourtant encore bien là. Jeudi soir, nous sommes passés dire aurevoir à Sigit, Yayuk, et leur petite famille. Cadeaux, larmes, sourires, "à bientôt", "bonjour à tout le monde en France"... et on repart de cette maison les yeux tous rouges et l'envie de revenir au plus tôt.
Fin de soirée à boucler nos sacs (c'est tout une aventure de faire des sacs qui ne dépassent pas 20kg quand on remporte des dizaines et dizaines de wayang et tout un tas d'autre matériel...) et à jouer un peu de musique pour la toute fin de soirée.
Ce matin, départ à 4h30 de la maison, un minibus et une voiture nous attendent, direction Jogyakarta pour prendre notre avion. Nous avons laissé nos amis devant la porte de l'aéroport : Widodo, Wahyu, Giyanti, Hana... et Florie et Estelle qui restent 1 semaine de plus à Bali.
Nous sommes actuellement à l'aéroport de Kuala Lumpur où nous sommes arrivés ce midi et où nous attendons notre avion qui décollera ce soir à 22h. Arrivée à Paris prévue demain 8 septembre à 16h.
La suite de l'aventure ? Se retrouver en groupe pour un week-end de travail du Mahabharata les 4/5/6 octobre pour partager et mettre en pratique tout ce qu'on a encore appris à Java... ! Hop hop hop ! Ayo ayo !