Mardi 21:
Deuxième petit billet …
quelques jours ont passé, voici un petit résumé. (C'est Aurélie !)
Le jour de notre dernier message nous
sommes allés dans le centre de Wonogiri pour découvrir et nous
perdre dans les allées du marché couvert, lieu vivant, coloré et
odorant.
A notre retour nous sommes accueillis
par la famille de Gyianti, venue leur rendre visite pour Idul Fitri,
c'est un peu l'équivalent de Noël chez nous.
Nous faisons quelques découvertes
culinaires le midi, entre autres, un petit fruit de la taille d'une
figue avec une peau comme le serpent … un petit goût de
fraise trop mure : le salak. Nous rêvions de manger des mangues
mais ce n'est pas la saison !
L'après-midi, pour commencer, nous
travaillons en petits ateliers avec nos hôtes. La maison est en
effervescence, les sonorités s'enchevêtrent, nous remplissons petit
à petit nos carnets de travail avec de précieuses informations.
Repas vers 18h, juste après la tombée
de la nuit, puis nous reprenons tous ensemble pour travailler une
suite de pièces qui sera jouée le lendemain lors d'un mariage.
Mercredi 22 :
Deux programmes possibles pour la
journée : les plus endurants partent, vers 8h, avec Gyianti et
Wahyu pour jouer toute la journée lors du mariage, pour les autres
nous restons travailler avec Widodo notre « guru » (=
professeur, mot Indonésien !) de la journée. L'équipe de sindhen
étant au complet, nous profitons de l'après-midi pour mettre le nez
dans les morceaux plus difficiles.
Diner 17h30 ! et départ une
demi-heure après pour rejoindre la fête.
Les routes sont parfois assez mauvaises
mais notre conducteur sait éviter les trous, les cratères comme
diraient certains !
Nous arrivons sur le lieu, il s'agit
d'un croisement de routes totalement aménagé pour l'occasion, des
structures couvertes, en bambou sont montées, ornées de multiples
tissus, de sculptures de bois et de fleurs. Tout de suite accueillis,
nous rejoignons nos camarades en intégrant le groupe des musiciens,
Nous suivons les différents rituels de
la cérémonie, chaque moment est accompagné par un morceau
spécifique au Gamelan. Des serveurs nous apportent le thé habituel
et quelques mets. L'équipe restée sur place en est à son 6ème
service !!
La cérémonie terminée, nous jouons
« la suite » préparée, le tout fut très approximatif
pour cette première, il était difficile d'entendre tous les
instruments, d'autant plus qu'un animateur parlait sans cesse dans un
micro, commentant chaque instant... même pendant la musique.
Le groupe de Widodo conclut la soirée.
Nous saluons les organisateurs et les
mariés avant de nous entasser dans les voitures pour rentrer.
Jeudi 23 :
Réveil plus tranquille, ou presque ...
car ici, très tôt, la maison s'anime : les cris des enfants
qui jouent dans la maison ou sous nos fenêtres, l'activité en
cuisine ou le coq rebelle chantant à toutes heures.
Après le petit déjeuner, nous
travaillons en petit groupe sur des détails, une équipe de
« sindhen » (chanteuses), une équipe pour le travail des
« suluks » (solo du marionnettiste)... puis
nous nous retrouvons pour retravailler « la suite » que
nous rejouerons le soir même, lors d'une fête dans le village d'à
côté (Sequawe)
Nous commençons aussi à revoir la forme d'une heure du
spectacle .
Nous partons à pied pour la soirée : pas besoin de guide, il
suffit de suivre le bruit du « sound system »
surpuissant, aux basses décapantes !!
La soirée a déjà débuté. Une scène est installée sur une
place, de nombreuses personnes sont présentes, assises au sol pour
suivre la soirée. Au programme : musiques, danses, projection
de photos...
Nous participons à la soirée et ne manquons pas de susciter la
curiosité, des sourires, des rires, des photos, des serrages de
mains...
Vendredi 24 :
Le
matin nous avons répété en groupe. Le vendredi est un jour
particulier pour les prières, une bonne pause est respectée pour
cela.
Après
le repas, nous partons pour un village spécialisé dans la
fabrication des meubles en bois pour le gamelan, 1h30 de routes
chaotiques, nous avons apprécié les beaux paysages, de belles
rizières irriguées et les maisons traditionnelles javanaises
surmontées souvent d'une « girouette à l' indonésienne »
représentant divers personnages du mahâbhârata ( Semar et Arjuna
principalement)
Les ateliers étaient au repos, c'est les vacances !
Nous
découvrons, plus loin, la caverne d' Ali Baba du Wayang. nombreux
gamelans en construction, des grandes peaux prêtes à être
transformées en Wayang ( marionnettes en cuir, peintes) divers
accessoires, et plein de marionnettes récentes ou plus anciennes,
ayant appartenu à des Dalangs ( marionnettistes) nous tombons sous
le charme des plus anciennes et repartons, après une longue
négociation, les portes monnaie plus légers... quelques kilos de
plus pour nos bagages.
Quelques rencontres volatiles sympathiques : des petits poulets,
deux coqs aux fous rires presque humains ! Des oiseaux en
cage...
Le
trajet du retour a lieu à la lumière d'un coucher de soleil, nous
profitons des beaux paysages.
Nous
sommes de retour pour le repas, Widodo sort une bouteille de vin de
derrière les fagots, nous en profitons pour finir le brie apporté
de France ( il était temps!)
Le soir nous nous remettons au boulot sur la forme d'une heure du
spectacle.
Samedi 25 :
7h, petite ballade matinale pour une partie d'entre nous, nous allons
jusqu'aux rizières pour prendre quelques photos et faire quelques
dessins.
Nous travaillons une partie de la journée en atelier puis en groupe.
Nous rendons visite à Sigit ( le beaux frère de Widodo) pour voir
la fabrication des marionnettes et passer quelques commandes.
Juste avant la répétition du soir, nous apprenons que le mariage
auquel nous allons jouer chez les voisins le 28 est en fait …. une
fête pour célébrer deux circoncisions !!! Gloups !
Dimanche 26 :
Journée à Solo
Plusieurs
missions pour cette journée, entre autres : trouver nos tenues
pour le spectacle... c'est chose faite nous avons acheté des
sarongs.
Préparez vous, amis musiciens restés en France, ce sera jupe longue
pour tous !
Chacun fait également ses emplettes plus personnelles : de
beaux tissus à ramener aux soeurs ou amies, tee-shirts aux effigies
des personnages de Wayang Kulit (difficile de trouver de grands
tee-shirts pour ramener aux grands européens!), des tenues en batik,
les couleurs unies n'étant pas privilégiées dans ce pays :
tout est très bariolé (même les petits gâteaux!).
Le
soir, première nuit de Wayang Kulit pour la plupart d'entre nous.
Nous arrivons dans la maison, ou plutôt le palais, d'un Dalang
réputé : Pak Purbu Asmoro. Il a invité un autre Dalang, son
neveu, à jouer. L'arrivée sous le pendopo (sorte de halle) en bois
ouvragé est très impressionnante : de nombreux lustres, une
Coccinelle ancienne et un carrosse du XVIIIe siècle de part et
d'autre du gamelan, l'écran de 6 ou 7 mètres est orné de chaque
côté d'une centaine de marionnettes anciennes, patinées par le
temps... nous en prenons plein les yeux ! Une danseuse ouvre la
soirée. Son chapeau est orné de fleurs fraîches et d'encens.
L'épisode du Mahâbhârata conté ce soir débute par la mort de
l'ancêtre Bishma, couché sur son lit de flèches. Pendant
l'intermède comique des Punakawan (les bouffons), le Dalang met en
boîte la sindhen américaine présente. Le gamelan est très
enfumé : les musiciens enchaînent kretek sur kretek
(cigarettes aux clous de girofle). Dès le début, on nous sert le
thé, les cacahuètes fraîches et autres fruits. L'ambiance est très
particulière et les novices sont heureux de découvrir enfin ce dont
nous ont parlé Cécile, Grégo et Arnaud. Un premier départ de
voiture a lieu à 1h30. Les derniers rentrent à la fin, vers 2h30.
La moitié des sindhen est déjà partie, et certains instrumentistes
s'endorment sur leurs bonangs ou sarons.
Lundi 27 (c'est Cécile qui reprend le clavier!):
Grosse journée visite à Borobudur. Nous partons à 7h30, après
seulement quelques heures de sommeil. Evidemment, nous arrivons à
Borobudur à 11h, au moment le plus chaud de la journée et nous
cuisons sur place dans ce très beau mais très chaud temple Hindou.
Malgré la chaleur il y a beaucoup de monde dans ce temple (l'un des
rares sites touristiques de l'île de Java) et nous n'arrêtons pas
de nous faire prendre en photo avec des indonésiens tous contents de
croiser des européens avec qui poser. Ok, on joue le jeu même
si au bout d'une dizaine ça commence à fatiguer...
Nous
trainons le midi et filons en fin de journée au pied du Merapi, le
célèbre volcan entré en irruption en 2010. Nous y arrivons au
moment de la tombée de la nuit (et oui, ici à 18h il fait nuit
noire ! On se fait vite avoir !). Puis nous repartons direction
« la maison », et nous passons ce trajet de 3h à compter
les nids de poule dans la route et à tenter de comprendre où nous
sommes, sur quelle route, vers où, pourquoi par là...
En arrivant chez Widodo, nous découvrons qu'un Wayang est en train
d'être joué chez les voisins d'en face. Nous savions qu'une fête
était prévue pendant deux journée car nous l'avions vu se préparer
et nous savions que nous y participerions mardi soir en jouant notre
« heure » de Mahâbhârata à nous. Mais quelle surprise
de voir un Wayang en rentrant lundi soir ! Bon, l'enthousiasme
est un peu retombé quand on a vu que c'était un dalang amateur,
très moyen, et que les musiciens de gamelan n'était pas non plus
hyper calés... M'enfin, le petit plaisir de sentir l'ambiance Wayang
était tout de même là !
Aujourd'hui, mardi 28 :
Nous avons répété très tôt ce matin avant que les festivités de
la maison d'en face ne reprennent et ne fassent trop de bruit. Nous
avions besoin d'une dernière répétition car hier, entre deux
portes, Widodo m'a annoncé qu'il ne fallait pas que l'on représenter
les morts des personnages, que ça ne faisait pas lorsqu'on joue chez
des gens. On représente les morts seulement lorsqu'on joue à
l'extérieur. Ma réaction : « argh. Bon ok. Alors on va
devoir rerépéter un chouïa parce que notre spectacle est truffé
de morts »... Et de fait, c'est ce qu'on a fait ce matin :
on a coupé toutes les morts et hop, ça passe comme une lettre à la
poste !
Ce soir donc, nous jouons notre première représentation du
Mahâbhârata ici en Indonésie. Il y a aura une bonne partie du
village présente, curieuse de savoir ce que les petits Orang
Perancis (français) ont dans le bide !