mardi 26 février 2008

Bonsoir,


Promis, je vais essayer de faire plus court que la dernière fois. Même si ça va être difficile parce qu'il ne cesse de se passer des choses capitales pour moi en ce moment.


Hier, on est allé visiter plusieurs fabriques de marionnettes notamment pour que je commence à réfléchir à celles que je vais acheter. Moments de complicités avec Widodo. Je commence à cogiter fortement à mon spectacle au retour. On est reparti sans marionnettes mais j'ai tout de même acheté un Tchampolo (outil pour cogner dans une boite pour diriger l'orchestre), MON tchampolo. Un geste symbolique pour moi.



Widodo au milieu des wayang, et le peintre en pleine action





mon tchampolo, c'est celui du milieu. Bon choix non ? et pour la couleur, j'hésite... vous en dites quoi ? j'peux demander n'importe quelle couleur en fait.



J'ai donc aussi vu l'étape de découpage de cuir, de peinture... plein de choses. Et j'ai même acheté aussi un jeu de poinçons pour ramener en France.


L'après midi, on a travaillé encore la musique. J'ai touché à 5 instruments en tout maintenant, et 3 ou 4 musiques différentes. Ce n'est que du jeu de rythme, il faut se laisser entraîner dedans.


Et le soir, on est allé voir une création contemporaine utilisant le wayang kulit. C'était à l'Institut Culturel National de Solo. En gros, c'est une école nationale, une sorte d'université des arts, et là, il y avait un spectacle qui mélangeait élèves et professeurs. Je me suis retrouvée dans une salle de théâtre comme en France. J'avais oublié comment c'était ! Le spectacle en lui même ne m'a pas super plu. Trop de technique, trop moderne à mon goût.



Avant et après le spectacle, on est allé rendre visite au grand monsieur important que j'avais vu le premier jour (sisi ! Souvenez vous ! Dans le bureau ! très impressionnant !). Encore une fois, avant de me trouver en face de lui, je ne savais pas qu'on venait le voir. Grande spécialité de Widodo de rien me dire.


On a discuté un peu, m'a fait chanter ce que j'avais appris, et m'a parlé spiritualité. Il m'a dit que je devais sentir les forces qui entrent en moi lorsque je joue du wayang.


En fait, ce que je ne savais pas, c'est que ce bonhomme, en plus d'être président de la Région, il est aussi Dalang (marionnettiste). Et un bon, un grand, apparemment.


Il m'a demandé d'entrer dans une pièce, avec Widodo (la femme de Widodo nous a attendu dehors). Il voulait me montrer quelque chose. J'ai essayé de suivre ce qu'il s'est passé mais j'ai eu du mal. Il a demandé à Widodo de verser de l'eau dans un verre, il a prononcé mon prénom devant, a soufflé sur l'eau et m'a dit ensuite de boire. Je me suis exécutée.


Ensuite, il a pris la main de Widodo, a placé l'autre main d'une certaine manière et a demandé à Widodo de fermer les yeux. Il a secoué les mains et jeté celles de Widodo en l'air. Ensuite, il a parlé, parlé, parlé... je voyais Widodo bouger, le visage étrangement rempli d'émotion. A la fin, le grand monsieur lui a dit de se réveiller et hop ! Widodo a ouvert les yeux. « euuuh la ! qu'est ce que je fais là ??!!! » j'ai pensé. Puis il s'est mis devant moi et j'ai compris que j'allais vivre la même chose. Gloups.


Je pense que j'ai vécu un moment d'hypnose. En fait je ne sais pas très bien. Mais j'ai vu mon corps bouger alors que je ne le commandais pas. Mais je ne me sentais pas prisonnière pour autant.


Enfin bref, toujours est il qu'il m'a réveillée, qu'il m'a dit que je devais toujours sentir ça quand je joue. Que la spiritualité fait tout, que le Wayang c'est avant tout ça.


Et quand il est sorti de la pièce, on s'est regardé déboussolés avec Widodo. Il m'a confié ne pas avoir compris ce qu'il s'est passé, « moi non plus » lui ai-je répondu. Moment de complicité. Là, à cet instant, j'ai senti que Widodo allait devenir vraiment mon maître. Et pas seulement pour apprendre à gigoter les marionnettes.


Je pense que le geste du vieux monsieur était, symboliquement, de confier à Widodo la tâche de m'enseigner le Wayang. Je l'ai interprété comme ça.


On est rentrés en voiture ensuite, et je me sentais bien avec Widodo et sa femme. On rigolait. Même avec la contrainte de la langue, on arrive à instaurer une vraie complicité. Ils m'appellent « 'cile », et non plus « Cécile ». Utiliser un diminutif est signe d'affection chez eux.


Non seulement un Maître, mais aussi un ami.





paysages magnifiques, et gamins qui courent à 6h du matin (juste pour le plaisir de courir !)



En dehors de tout ça, j'ai rencontré deux françaises lors des soirées Wayang dont une que j'ai vue plusieurs fois avec qui j'ai déjà pas mal discuté. Elle reste 2 mois aussi, mais pour étudier le Gamelan (musique). L'autre s'en va malheureusement dans 15 jours. Mais elle fait une fête pour son départ et m'a gentiment invitée pour qu'on fasse connaissance, même si elle s'en va bientôt. Je pense que j'irai. Ça me fera du bien de parler français un peu.


Ce matin, on a bossé la musique. Encore et toujours.

Ce midi je suis retournée voir le cours de musique à l'école.

Cet après midi, je me suis achetée une carte pour mon téléphone. Pour qu'ils puissent me joindre, et vice versa.


Au passage, je bénis le conservatoire pour tout ce que j'ai appris là bas. Notamment les cours de chant et musique : je les applique aujourd'hui, c'était donc loin d'être vain ! J'y pense beaucoup à ce conservatoire, à ce qui s'est enclenché là bas pour moi, aux envies que ça m'a donné.


D'ailleurs, en ce moment je suis plongée dans le livre de Zeami à propos du théâtre Nô (cf. tout premier message de ce blog). J'y puise mes forces. Plus que de m'aider à tenir, il me fait m'envoler.



2 commentaires:

Anonyme a dit…

Quel beau voyage.... merci de nous en donner un petit bout...

Anonyme a dit…

A propos de Widodo ça me fait penser à une chanson de Serge Lama : "c'est mon ami et c'est mon maitre, c'est mon maître et c'est mon ami, dès que je l'ai vu apparaître, j'ai tout de suite su que c'était lui, lui qui allait m'apprendre à être ce que modestement je suis" en hommage à son pianiste.
Au vue de l'actualité, le conservatoire d'Orléans ça peut mener loin (oscar), certainement pas au même endroit pour toi mais avec le virus attrapé là-bas ta route devient de plus en plus evidente.
Grosses Bises