dimanche 24 février 2008

Bonsoir,


Résumé des 3 derniers jours :


Jeudi soir, nous sommes retournés voir du Wayang toute la nuit. Cette fois-ci, au Centre Culturel de Solo. Ambiance différente de la première fois. Plus studieux, moins rigolard. Le dalang était meilleur sur les voix des personnages, égalait le premier en manipulation, et la musique était meilleure aussi que l'autre jour. Malheureusement, tout comme la première fois, c'était le Mahabharata qui était représenté... donc, j'ai du mal à suivre. Mais Widodo est là, à côté de moi, à m'expliquer chaque chose, à me préciser si ceci ou cela est traditionnel, la musique, la manipulation, les marionnettes, les voix... Un vrai Maître qui est présent, qui m'accompagne dans ma découverte.




devant, derrière






la nuit avance... vers 2h...



Rentrés dans la nuit à 4h, vendredi matin nous nous sommes mis à travailler à 10h. Toujours manipuler les singes. Toute la journée. On est arrivés au bout de la petite boucle qu'il voulait m'apprendre. En la jouant en entier, ça dure 6 minutes. J'essaie de me souvenir de tous les katas (et oui, ici aussi, on appelle ça des katas), m'efforce à rester dans les lignes tracées mais il me dit que, maintenant au point où j'en suis, je peux m'amuser à improviser. « imagination full », comme il dit !


Du coup voilà, j'en suis là. Après un peu plus d'une semaine de boulot, il va falloir que je me détende, que je commence à relâcher toute la technique et laisser aller l'amusement. C'est normal je suppose : dans tout apprentissage, on connaît ces deux phases.


Le soir venu, on a travaillé la musique. Ce qu'il m'avait expliqué de la notation l'autre jour est plutôt bien rentré. Du coup, on va plus loin. Il m'explique comment on joue concrètement ensemble. Quel instrument il faut écouter, car il donnera les « ordres » (plus vite, plus lent). Widodo me dit de me mettre à un instrument, il se met à un autre. Puis arrive Wahyu, le fiston, qui se met aux percussions, puis le beau-frêre qui se met aux gongs, puis le grand-père qui se met à un autre xyllphone, et enfin... Hana, la petite, qui se met aussi à jouer. Finalement, y'a un vrai petit orchestre à la maison ! C'est rigolo cette ambiance. Ca se fait naturellement. Widodo ne demande rien mais ils viennent d'eux mêmes quand ils entendent la musique.


Je sens qu'ils sont contents, flattés, fiers, qu'il y ait quelqu'un qui vient étudier, comprendre leur quotidien.


La journée de samedi a commencé avec une grosse pensée pour ma famille. Même s'il fallait que la journée soit « comme les autres » pour moi, ça ne l'était pas. J'étais avec vous tous. J'ai malgré tout travaillé, comme d'habitude.


Samedi matin, on a encore manipulé. J'ai envie que ça se pose, que ça s'ancre. Donc je fais, refais, et refais encore. Il est derrière moi, assis, il me laisse faire, me corrige, m'explique des petites choses, parfois ne dit rien. Le maître veille.





derrière du kayon



En début d'après midi, Widodo me dit qu'à l'école juste à côté il y a un cour de musique maintenant, que si j'ai envie d'y aller, je peux. Ok. Je prends mes chaussures (je vis pieds nus depuis 1 semaine quasiment...) et je file. Ambiance très touchante. Ecole de campagne où les enfants apprennent évidemment les matières générales mais aussi la musique, la danse, le théâtre (je crois...). C'était l'équivalent d'une école primaire, avec des enfants entre 6 et 10 ans en gros.

Je me suis assise dans un coin et j'ai regardé. Certains se débrouillent très bien, d'autres pataugent. Le vieux professeur est un monsieur étonnant. Ca n'arrête pas de crier dans son cours, ça parle, ça rigole, ça joue... et lui, il continue tranquille ce qu'il a à dire ou à faire. Et finalement, ça marche plutôt bien. Quand il faut se mettre à jouer, hop ! Tout le monde s'y met !

Évidemment, j'ai été reçue en grande pompe : thé, gâteaux dans la salle des profs. Ils sont marrants à être prévenants comme ça.



enfants à l'école



Puis l'après midi, manipulation, encore et toujours.


Le soir, on est allés voir encore du Wayang pendant toute la nuit (ouioui, un jour sur deux !). Cette fois-ci, à Klaten, une ville à 1h de route à l'ouest de Wonogiri. On a traversé les campagnes pour y aller. Les montagnes sont belles ! Incroyable ! Elles ne ressemblent ni à nos montagnes des Alpes, ni à celles du Massif Central... c'est plutôt un entre-deux. Montagnes sauvages. Même en pleine nuit, j'arrive à les admirer (pleine lune aidant...).


Encore différent, cette fois-ci, c'était du Wayang traditionnel. Encore le Mahabharata malheureusement (et toujours le même épisode en gros... étonnant !). Ah oui, d'ailleurs, ça me fait penser que je n'ai pas préciser sur 7h de représentation, ils ne jouent qu'un épisode ! Et oui ! Je ne sais pas s'ils jouent parfois entièrement une épopée mais ça doit être impressionnant à vivre ! Une semaine j'imagine !


Widodo m'a encore expliqué plein de choses, sur la différence entre traditionnel et « contemporain » (qui reste quand même un art traditionnel). Les marionnettes qui jouaient dataient parfois du 19è voir du 18è. Forcément moins colorées que d'habitude, elles n'en étaient pas moins aussi jolies.


Mais la grosse différence entre contemporain et traditionnel, c'est le rapport au temps. J'avoue que pour moi c'était difficile à tenir. Ils étirent tout. Les musiques d'introduction pour une scène (qui d'habitude dure 1 ou 2 min) peuvent durer jusqu' 15 min ici. Pareil pour une scène de discussion qui va durer 40 ou 45 min... et moi je ne comprends pas quand ils parlent ! Ou encore des chants qui durent, durent.... dur dur. Je pense que je ne connais pas encore assez bien le Wayang Kulit et tous ces codes pour pouvoir apprécier. Il est certain que ça doit être très beau, mais quand tu n'as pas les clefs pour déchiffrer, ben tu t'ennuies, tout simplement. Et s'ennuyer à 3h du matin, ça ressemble fortement à s'endormir.


Mais j'ai tenu bon. Ca s'est finit à 4h15. Une bonne heure de route, un arrêt au passage dans une mosquée pour que Widodo fasse sa première prière du matin, un petit déjeuner dans un « restau » au bord de la route (petit déj salé bien évidemment), et hop ! Au dodo !



exemple de bouffon


Et aujourd'hui, je me suis pris la liberté de dormir toute la matinée. Quand on se couche à 6h30, ça me paraît indispensable. L'après midi, on a continué la manipulation des deux singes et on a ajouté le Kayon. Widodo avait installé la lumière. Première fois avec lumière.





Widodo et Hana



Hier soir quand on regardait le Wayang, je me baladais par-ci par-là, pour changer d'angle de vue. Et j'ai été très surprise (au début) et agacée (à la fin) par tous les regards sur moi. Première fois que je ressens ça. D'habitude, quand les locaux voient une occidentale, ils me lancent un « hello ! » accompagné d'un sourire. Là, pas un sourire, plutôt des regards de curieux. C'était pas agréable du tout de se faire dévisager. C'est vrai que je m'en rends pas compte que je suis « blanche » au milieu d'eux, que je dépareille. Franchement, depuis plus de 3 mois, j'ai eu le temps de m'habituer à leur visage (je crois même avoir oublié ce que c'est que de se promener entourée d'occidentaux). Et du coup, j'oublie que pour eux, mon visage n'est pas commun. Mais n'empêche qu'hier je me suis vraiment sentie « agressée ». Je me suis imaginée ce que pouvait parfois ressentir un homme de couleur en France.


Ah oui, j'oubliais ! Widodo m'a appris qu'il allait jouer le 9 avril prochain et il veut que je joue en « première partie ». Euh... wow ! Je lui ai dit que je trouvais l'idée super mais que faut que je bosse bien, que je veux pas montrer n'importe quoi. On a encore le temps d'y réfléchir me direz-vous...


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Cécile, je vois qu'il y a encore du nouveau dans ta vie là-bas. Je découvre tout ça ce soir , car je n'ai pas pu te suivre pendant plus d'une semaine, pour des raisons indépendantes de ma volonté .
J'essaie de rattrapper le temps perdu. mais il se passe toujours une foule de choses dans tes journées, et que de lecture en retard. bises , à bientot

Anonyme a dit…

Merci d'avoir pensé à nous Samedi, nous avons aussi beaucoup pensé à toi mais tu sais avec toutes les photos et tous les récits que tu nous fais on a l'impression que tu es tout près de nous ou que nous sommes un peu là-bas avec toi sans béquiller d'un centimètre.
Grosses Bises.