dimanche 2 mars 2008

Bonsoir,


Nous voilà rendu en mars. Un nouveau mois de franchi.


Les derniers jours se sont passés sur le même modèle que les précédents. Travail matin, après midi et soir. Entre les séances avec Widodo, j'essaie de prendre du temps pour écrire, bouquiner le Ramayana ou Zeami, cogiter pour mon spectacle etc.


Niveau manipulation, on avance. Je touche maintenant à quasiment tous les personnages principaux. La technique est la même. Maintenant, il faut que je laisse faire l'imagination et improviser au fur et à mesure. Ne pas seulement reproduire les phrases techniques que m'a montré mon maître. Ce serait trop simple. Et surtout, laisser aller la parole !


Niveau chant, pareil, ça avance ! J'en connais maintenant 5 en tout.




chant pour les scènes d'amour (les chiffres, c'est les notes !)



Niveau musique, je continue d'aller à l'école du village suivre le cour avec tous les enfants de 8 ans. Je commence à les connaître un peu, ils connaissent mon prénom. C'est marrant.





3 sita, et les musiques que je travaille



Et niveau technique (cempala, keupra... cf. message précédent), c'est pareil. Là pour le coup je n'en suis qu'au début mais j'apprends les règles : 5 coups suivis de 2 petits coups et 1 dernier grand = entrée de Hanuman. Et y'a des « formules » à retenir comme ça pour chaque personnage, chaque situation pour lancer la bonne musique au bon moment.


Quand j'essaie de me trouver des moments pour travailler seule, il y a toujours quelqu'un qui traîne dans le coin. Ça en devient agaçant ! Mais bon, je prends sur moi. Je n'oublie pas que j'habite au sein d'une famille et que, par conséquent (clin d'oeil à M.Fichou !), je ne peux pas éviter que le grand père vienne me donner des conseils, ou la maman pour ce qui concerne le chant... Il faut faire avec et même, le plus possible, en profiter !


Je m'étais dit que j'irai à Yogyakarta seule quelques jours dans une semaine ou deux, histoire de faire un peu une coupure. Quand j'en ai parlé à Widodo, il m'a dit « d'accord ! Tu veux qu'on y aille quand ? » argh........ comment lui faire comprendre que j'ai envie d'y aller seule, sans lui ? J'ai pas envie de le froisser. Donc je crois que je vais continuer à me taire et prendre sur moi. Il faut que j'en profite et que je me passe de ces moments de solitude qui m'accompagnent habituellement. Encore 6 semaines.


Hier soir, samedi, on est allé voir du wayang toute la nuit encore avec, cette fois-ci, une dalang femme ! Ça fait bizarre au début parce que ça change les voix, le rythme, la puissance de la représentation. Et puis finalement, on s'y fait et on se rend ocmpte que ça n'a pas perdu en puissance.




wayang samedi soir



Aujourd'hui dimanche, on a travaillé le matin, j'étais complètement nase. J'en pouvais plus, je m'endormais quand je chantais. J'ai finit par aller m'allonger 30 min avant de partir le midi.


Le midi, on est allé voir le président de la Région, le grand Monsieur. Paraît qu'il voulait me voir encore. J'étais épuisée, mais j'ai tenu bon.


J'ai vécu aujourd'hui la même chose que l'autre jour (hypnose) mais en puissance 10. J'ai appris aujourd'hui à m'hypnotiser seule.


Premièrement, il m'a demandé de chanter encore. Il avait l'air content de moi.


Ensuite, il a brûlé du papier avec un fer rouge. Puis, il s'est passé le fer 3 fois sur la langue et j'ai compris que ça a allait être pareil pour moi. En fait, nous étions deux à « passer ces rites ». Je me suis approchée, j'ai répété les formules qu'il m'a dit de répéter, j'ai tendu ma langue et le fer rouge est venu se poser trois fois dessus. Rapidement je vous rassure, pas mal du tout ! On se fait parfois plus mal à boire du thé bouillant !

La seconde jeune fille, une apprentie chanteuse indonésienne, a répété les formules mais n'a pas voulu pour le fer. Elle n'a pas eu confiance. Comme quoi, ça n'a rien à voir avec la culture.


Puis ensuite il nous a emmené dans une pièce où il nous a refait la même chose que l'autre jour. On place les mains, ils les jettent en l'air et viouuuup ! Cécile déconnectée de la terre ! Il l'a fait à l'autre jeune fille qui n'a pas eu l'air de décoller vraiment. Puis il m'a dit de le faire debout. Puis ensuite seule, sans lui, sans ses mains, sans sa voix ! Et ben vous savez quoi ? Le même effet ! Et le plus génial c'est qu'on peut « sortir » de cet état quand on veut.


Bon, très franchement, je ne sais pas encore bien dans quoi je m'embarque. Mais je suis pourtant sereine. Je sens bien qu'il n'y a rien de louche et que c'est enseigné avec altruisme, sincérité, gentillesse.


La grand Monsieur avait l'air tellement content de moi qu'il m'a fait faire le truc plusieurs fois, me donnant des précisions, m'aidant à aller plus loin, tandis que l'autre jeune fille ne comprenait rien à ce qui m'arrivait. Il m'a même demandé de le faire ensuite devant Widodo, sa femme, et d'autres personnes qui étaient là. Ils avaient l'air tous étonnés de ce que je faisais.


Et puis bon, arriva ce qui devait arriver (ceux qui me connaissent s'en doutent bien): j'ai craqué, les larmes ont coulé malgré moi. Pas devant tout le monde non, parce qu'ici, il ne faut pas « perdre la face ». Alors j'ai caché comme j'ai pu. Je n'étais pas triste non !!! Juste que ça remue drôlement de faire tout ça, et que moi quand je suis remuée, ça sort par les larmes. Mais j'étais contente, rien de grave. Widodo ne comprenait pas et je le voyais inquiet pour moi. Il pensait que j'avais un problème, que j'étais triste.


Il va falloir maintenant lui expliquer que dans notre culture, parfois, on pleure pour autre chose que de la tristesse, juste quand les choses sont importantes, émouvantes... et que, surtout, ça n'a rien de grave !



2 commentaires:

Anonyme a dit…

Souvent ça fait du bien le trop plein d'émotion qui déborde : J'ai pas eu le temps de pleurer le jour de notre mariage, y'avait trop de monde ! mais les 3 naissances des enfants ont été "arrosées" et même quand ils sont grands et que l'une s'en va très loin réussir sa vie, la fierté des parents se traduit par des larmes, on s'exprime comme on peut. Ce qui serait grave c'est de ne plus pouvoir pleurer faute d'émotions.
Grosses bises

Anonyme a dit…

Que d'expériences nouvelles en si peu de temps ;on a un peu de mal à suivre et à comprendre mais tu sembles si bien !!!
Pensons bien à toi et t'embrassons de tout coeur. Gérard et Odile